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11/03/2009

_Alien Theory : The alien as archetype in the science fiction_

Alien Theory : The alien as archetype in the science fiction : Patricia MONK : The Scarecrow Press : 2006 : 386 pages (y compris bibliographie) : ISBN-13 978-0-8108-5746-9 : 49.95 USD soit une bonne quarantaine d'Euros pour un TP.

Alien theory.jpg

Cet un ouvrage massif (qui comprend une bibliographie extensive) tente une étude de la représentation de l'extraterrestre dans la SF. Outre ce thème précis, l'auteur a choisi de se restreindre au format court (nouvelles).

Le livre est organisé en trois parties :
- "Conceiving the alien" : se concentre sur les théories xénobiologiques réelles (au sens de non-fictives) et leur circuit de mise à disposition au profit des écrivains de SF.
- "Writing the alien" : une partie plus énumérative, qui liste les aliens que la SF nous présente.  Sont évoqués diverses caratéristiques de ces êtres : aspect, type de société, psychisme particulier.
- "Reading the alien" : se pose la question de savoir pourquoi les écrivains éprouvent le besoin de créer des aliens et quelle est la signification pour nous humains de ces personnages fictifs.

Analog 1973-11.jpg

Il est clair que cet ouvrage est le fruit d'un familier du genre et résultat de longues recherches et d'une large exploration de la SF, point visible dans la bibliographie complète. Hélas, je dois avouer que, même si j'admire la quantité de travail nécessaire pour un tel ouvrage, j'ai eu du mal a accrocher.

Mon souci est lié à l'impression de cacophonie qui se dégage de cette étude. En effet, on arrive à percevoir au sein de cet ouvrage unique plusieurs livres virtuels aux sujets différents qui se mélangent d'une façon peu harmonieuse et donnent une impression de manque d'unité ou de d'absence de maîtrise du discours.

On pourrait donc extraire de ce livre plusieurs essais.

Le premier porte sur la théorie de la xénobioloe, une science largement spéculative qui est ici prise d'une façon que je trouve parfois un peu trop affirmative pour un tel domaine où les élément factuels sont plutôt rares. Disserter sur les sociétés possibles d'extraterrestres jamais entrevus est une exercice intellectuel stimulant mais, à un tel niveau de détail, relève plus du domaine de la SF que de celui de la science.

Le deuxième étudie l'appropriation par les écrivains SF des avancées scientifiques essentiellement par le biais du dialogue entre scientifiques et auteurs tel qu'il s'est pratiqué dans les pages de Astounding/Analog.

Astounding 1959-04.jpg

Le troisième est un catalogue des extraterrestres rencontrés dans les nouvelles de SF, dont on pourrait regretter le fait qu'il soit assez concentré sur une période précise (1950-1970), courte et somme toute assez ancienne.

Enfin, il y a aussi une étude sur les archétypes humains et leur représentation dans la SF. Étude qui renvoie très justement aux livres de Wolfe et de Malmgren ce qui souligne bien qu'elle n'est forcément ni très originale ni novatrice.

Worlds apart.jpg

Le paradoxe de cet ouvrage est donc que toutes réflexions potentielles, solides et parfois passionnantes n'arrivent pas à cohabiter ou a se développer pleinement et ne font, au final, que justement rester virtuelles.

En ce qui me concerne, un beau ratage, peut-être par excès d'ambition, voulant trop suivre de pistes et peinant à les parcourir jusqu'au bout.

Note GHOR : 1 étoile

09/03/2009

_J. G. Ballard_

J. G. Ballard : Jeannette BAXTER (editor) : Continuum : 2008 : ISBN-13 978-0-8264-9726-0 : 151 pages (y compris diverses bibliographies et index) : une vingtaine d'Euros pour un TP neuf (existe aussi en HC).

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Au vu du nombre de livres et d'articles qui lui sont consacrés on peut penser que, depuis quelque temps, James Graham Ballard est devenu le PKD des universitaires britanniques quand ils s'intéressent à la SF. C'est probablement pour les mêmes raisons, que l'on voudrait liés à la qualité de leurs textes mais qui tiennent peut-être plus au fait d'une plus grande visibilité auprès du public, visibilité renforcée par plusieurs adaptations cinématographiques. Pour Ballard, cet attrait est sûrement multiplié par le fait qu'il a publiquement renié le genre et que ses livres ne sont pas encombrés de tout le bric-à-brac adolescent de la SF (fusées, robots, calmars...).

The angle between two walls.jpg


Cet ouvrage est un receuil de huit essais sur l'auteur avec divers suppléments (préface, postface, longue interview, biographie sommaire, bibliographie secondaire). Les contributeurs sont des gens hors de la sphère du genre et oeuvrant plutôt dans la litgen ou le post-modernisme.

Les huit essais abordent divers thémes ou oeuvres précises, à savoir :
- La relation de l'auteur avec SF au début de sa carrière.
- The atrocity exhibition
- Crash
- Les adaptations au cinéma.
- La "life trilogy" comme littérature de guerre.
- Les images de Londres chez l'auteur.
- Visons de l'Europe dans Cocaine nights et Super Cannes.
- La violence chez Ballard.

Le salon des horreurs (Lattès 1981).jpg

Suivent donc une interview avec Ballard au sujet de Kingdom come et une vaste bibliographie.

N'étant pas spécialiste de Ballard, auteur que je n'ai que peu lu, (sauf ses premières nouvelles et une partie de sa quadrilogie catastrophe), je n'ai pas forcément le bagage nécessaire pour émettre un avis motivé sur cet ouvrage.

On peut quand même constater que les essais restent toutefois très aux marges de la SF en évitant soigneusement de marcher dedans (sauf le premier qui est, par exemple, le seul à parler de Sécheresse et de ses compagnons thématiques) et semblent parfois plus s'intéresser aux films dont ils dérivent que par les écrits de Ballard.

Sècheresse (LDP 1977).jpg


Hormis quelques accès de jargon post-moderniste, la lecture est plutôt agréable et le point de vue mesuré. C'est un ouvrage plutôt dense et pour lequel le faible nombre de pages est trompeur (au vrai seulement 120 pages de texte, mais elles sont écrites petit et serré).

Un recueil d'essais à conseiller aux amateurs de Ballard l'écrivain parfois autobiographique (ou l'adapté au cinéma) mais pas forcément à ceux de l'écivain de SF (pour autant que JGB en soit un).

Note GHOR : 1 étoile

04/03/2009

_Space, time, and infinity_

Space, time, and infinity : Brian STABLEFORD : Borgo Press (éditeur récemment repris par le conglomérat Wildside Press) : 2007 : 0-8095-0911-3 en HC (-1911-9 en pbk) : 208 pages (dont index) pour une quinzaine d'Euros en neuf.

Space, time, and infinity.jpg

Il s'agit d'un recueil de textes de Stableford, parus entre 1988 et 1995.

Le sommaire permet d'aller tout de suite au coeur du problème, a savoir que ce livre ne possède strictement aucune unité et qu'il est constitué de beaucoup de réchauffé.

En effet, sont successivement abordés les sujets suivants :

- Une histoire des magazines SF britanniques : ce n'est pas un mauvais article, mais il se révèle très léger face à d'autres livres nettement plus fouillés (on pensera évidemment à l'oeuvre de Ashley).

- Des textes sur diverses créatures fantastiques : deux essais sur les vampires (un thème que Stableford affectionne), un sur les loup-garous et un sur les sirènes. Un des articles sans grande originalité.

L'extase des vampires (Denoel 1998).jpg

- Une étude sur la war-fiction avant la 1GM déjà parue dans Interzone et donc déjà connue, plutôt dans le survol surtout comparée aux travaux de I. F. Clarke sur le même sujet.

Voices prophesying war.jpg

- Une étude sur Poe : bof, mais c'est peut être du au fait que je ne suis pas un amateur de cet auteur.

- Un parallèle entre "Science fiction" (USA) et "Scientific romance" (GB) : pas très original et surtout trop court.

- Un essai sur l'alternate history (qui provient du C&N) : bien mais déjà lu.

- Quelques transcriptions de discours.

Globalement, on ne peut pas dire que le livre soit mauvais, mais il manque vraiment à la fois de matière (c'est écrit GROS avec des pages blanches, ce qui fait des essais d'une grosse dizaine de pages en moyenne) et d'une direction précise ou au moins d'une thématique unificatrice. A la différence d'autres livres de Stableford, c'est plus une sorte de "sample" des écrits de l'auteur qu'un ouvrage formant un tout cohérent.

Un ouvrage à réserver aux afficionnados de l'auteur ou aux complétistes.

Note GHOR : 1 étoile

25/02/2009

_Faces of the future : The lessons of science fiction_

Faces of the future : The lessons of science fiction : Brian ASH : Elek/Pemberton : 1975 : ISBN-10 0-236-31004-6 : 213 pages (y compris bibliographie secondaire et index) : une vingtaine d'Euros pour un HC d'occase (avec jaquette).

Faces of the future.jpg


Cet ouvrage est une sorte d'introduction générale à la SF, comme il s'en publiait pas mal dans les années 70-80, au moment où la SF, en particulier en Grande Bretagne grâce au soutien d'écrivains comme Amis, devenait une littérature un peu plus fréquentable.

Nous avons donc affaire à un livre découpé en une douzaine de chapitres, suivant un canevas assez classique. Il commence par une introduction qui souligne le côté satirique de la SF en se focalisant sur The space merchants, puis poursuit avec une partie historique allant des grands ancêtres (ici Lucien) à Wells et se termine par un développement des principaux thèmes du genre (l'utopie/la dystopie, le temps, les machines, l'évolution, les extraterrestres, les dieux). L'ensemble s'appuie largement sur les habituels textes et écrivains 'canoniques' (de Asimov à Van Vogt).

Planète à gogos (Denoel 1971).jpg

Suivent une bibliographie secondaire (complète pour l'époque) et un index par auteur et titre.

Replacé dans le contexte de l'époque, cet ouvrage aurait pu été certainement intéressant. Hélas, il est d'un tel classicisme que sa lecture de nos jours n'apporte qu'une impression de réchauffé. Tout ce que l'on peut lire sous la plume de Ash a déjà été lu : la litanie des grands prédécesseurs littéraires (More, Bacon, Voltaire, Kepler...) qui forment un pédigree impeccable au genre; l'omniprésence de Wells qui est mis à toutes et les sauces (son entrée d'index fait 10% du total), ce qui est normal, Ash étant à la base un spécialiste de l'auteur; la sur-évaluation de la SF (respectable) satirique tendance Galaxy et l'ironie facile sur le Space Opéra; l'insistance permanente sur les auteurs les plus acceptables (Huxley, Stapledon) et la confusion entre futurologie et SF (cf. l'anecdote sur Cartmill).

Ce n'est pas que c'est un mauvais ouvrage, Ash connaît bien la SF et parvient parfois à utiliser des références originales (pas mal de romans de Edmund Cooper, auteur qui était à son zénith à l'époque) et sa présentation du genre, même si elle caresse un peu trop l'intelligentsia dans le sens du poil, est parfaitement valide.

Seed of light (Ballantine 1969).jpg


Cet ouvrage manque juste, à ce moment de mon parcours de lecture, du petit plus qui le rendrait remarquable. C'est aussi vrai d'une façon plus chronologique puisque publié deux ans après Billion year spree, il ne peut égaler son prédécesseur.

D'où une note GHOR qui correspond plus à l'absence d'intérêt de se procurer cet ouvrage plutôt qu'à ses qualités intrinsèques.

Note GHOR : 1 étoile

20/02/2009

_Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium_

Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium : Barry N. MALZBERG : Baen : 2007 : 0-4165-2117-4 (ISBN 10) : 978-0-4165-2117-8 (ISBN 13) : 389 pages :  14.00 USD soit une dizaine d'Euros pour un TP.

Breakfast in the ruins.jpg


Cet ouvrage est un recueil d'essais et autres documents (préfaces, critiques) de Malzberg. Il se divise en deux parties, la première datant de 1982 et correspondant au recueil d'essais The engines of the night (publié en 1992) et la seconde rassemblant les écrits postérieurs à cette date. A noter la présence de deux nouvelles en prime.

C'est un ensemble de textes autonomes, courts (entre 2 et 10 pages) et sans grande organisation puisque sautant du coq à l'âne, si ce n'est le groupage en fin de volume des textes relatifs à d'autres auteurs (Ballard, Clifton, Keyes...), textes qui sont généralement des préfaces à divers recueils.

La lecture de ce livre est assez pénible parce que Malzberg est atteint d'un syndrome classique chez certains auteurs de SF, à savoir une relation d'amour/haine inextricable. Cette relation difficile entre un auteur et le genre qu'il pratique est due au fait que Malzberg vit mal le décalage entre les ambitions cosmiques/prophétiques/anticipatrices de la SF et la vie d'un genre mercantile/incestueux/mal payé/mal considéré.

Cette position où il est "la tête dans les étoiles et les pieds dans la fange" semble lui être intellectuellement fort pénible. On peut penser que c'est une telle situation situation qui explique, par exemple, son annonce de quitter le genre (comme Silverberg). Mais comme la SF est le seul genre qui l'accueille et le reconnaît, il s'est vu contraint d'y revenir.

Service d'ordre (Lattès 1980).jpg

Du coup, le livre (particulièrement dans sa première partie) est assez énervant pour l'amateur de SF, qui, vu la quantité de crachats dans la soupe, se demande pourquoi un auteur d'un tel génie (Malzberg est parfois assez peu modeste) a persisté à écrire des Ace Double (sous pseudonyme).

Gather in the hall of planets (Ace Double 27415 1971).jpg

Que les auteurs de SF soient des poivrots aux moeurs sexuelles bizarres (la fornication lors des conventions semble beaucoup travailler Malzberg), que les éditeurs de SF soient des requins sans scrupules et soumis au diktat du mauvais goût populaire, que les lecteurs de SF soient des demeurés juste bons à manger du foin et incapables de comprendre des textes un tant soit peu ambitieux, que les fans de SF soient des tarés découplés de la réalité, tout cela n'est pas original (ni même complètement faux.

Cette attaque en règle est juste un peu inconvenante de la part d'un auteur qui ne mange principalement que grace à ses productions SF et qui, par exemple, écrit des préfaces ou des livres (The passage of the light par exemple) édités par NESFA (une pure organisation de fans) et qui publie ce recueil chez Baen, éditeur à la réputation d'être un repaire pour la SF de bourrins.

The passage of light (NESFA 1994).jpg

Pour être franc, le côté : "ma conception de la SF, la seule valide, est incomprise par ces abrutis de lecteurs et de fans" m'a fait penser à la fameuse tribune libre de Léa Silhol (NdA : à l'époque de l'écriture de cet avis). Même diagnostic : "Tous des cons sauf moi", même absence de solutions, même échec.

A cette impression générale négative s'ajoute un certain nombre de reproches plus formels : de nombreux avis ou anecdotes sont répétés d'un essai sur l'autre (radotage ?), l'éciture est parfois un peu trop "too much" (hystérique ?), l'auteur reste extrêmement vague (prudent ?) dans ses attaques multi-cibles d'où l'impossibilité de recouper ses dires et les deux cents premières pages sont fortement datées (elles ont donc presque presque trente ans) et en conséquence pas forcément pertinentes pour une analyse de l'état de la SF aujourd'hui.

Un livre manifeste, à prendre comme tel, intéressant pour la plongée dans la perception du genre par un auteur qui vit mal sa participation à celui-ci, mais où le manque de recul et de mesure brouille le message de l'auteur.

Note GHOR : 1 étoile